Propos liminaires du dernier conseil municipal de 2015
Groupe des élus du Rassemblement pour Brest. Conseil municipal du 17 décembre 2015.
Intervention de Bernadette MALGORN, Présidente des élus du Rassemblement pour Brest

Monsieur le Maire,
En ouverture de ce dernier conseil de l’année 2015, je présente à nos collègues Marc Coatanéa et Pierre Kaerleskind, nos félicitations pour leurs élections au conseil régional de Bretagne. Je regrette que les résultats de dimanche dernier n’aient pas permis à notre collègue Claudine Péron de siéger à la Région et d’y porter notre vision.
Les enjeux sont graves et le mandat qui s’ouvre devant eux est peut-être le plus important pour l’avenir de notre région. Ils devront y apporter une attention particulièrement pour mettre un terme au triple décrochage que nous constatons depuis des années :
- décrochage économique,
- décrochage démographique,
- décrochage territorial.
Je ne reviendrais pas sur mes propos tenus il y a moins d’une semaine au Conseil de la Métropole sur l’absence de Débat d’orientations budgétaires pour l’année prochaine, situation inédite puisque pour ne remonter que sur les 6 dernières années, ce DOB s’est toujours déroulé au mois de décembre.
Je me suis d’ailleurs interrogée sur les raisons d’un tel retard pour nous livrer ces orientations budgétaires
- Une incapacité à faire des choix qui ne peuvent être que drastiques et à nous les présenter ?
- Une volonté de retarder au maximum l’annonce des mauvaises nouvelles ? Nous en avons une illustration manifeste ce soir avec la présence des représentants des 23 associations d’éducation populaires.
- Une responsabilité gouvernementale, englué dans d’incessants allers-retours avec sa propre majorité socialiste à l’assemblée nationale sur la réforme de la dotation globale de fonctionnement ?
Vous m’avez rétorqué que ces informations gouvernementales auraient été transmise trop tardives. Cela en dit long sur ce Gouvernement et sa majorité, élus sur des promesses intenables et un déni de la crise.
Cela en dit long sur vos propres engagements pris en 2014… Mais alors comment interpréter la tenue d’un tel Débat d’orientation budgétaire au Relecq-Kerhuon le 9 décembre, à Plouzané le 15 décembre.
Les maires de ces communes seraient-ils mieux informés que le maire de Brest ? que le président de la Métropole ? Ou seraient-ils à ce point imprudents qu’ils débattraient sur du vent ?
Je repose la question « Y aurait-il anguille sous roche ? »
Je ne reviendrai pas non plus sur cette démocratie locale bien en panne sur Brest, sauf pour en appeler à des pratiques plus ouvertes.
Le 2 avril 2015 je soumettais à votre intelligence cette réflexion d’Albert Camus : « La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. »
Vous n’en avez visiblement rien retenu et votre gestion des affaires, comme le sort réservé à ceux qui ne partagent vos options, sont caractérisées par l’opacité. Fait nouveau nous avons découvert que cette fermeture s’appliquait désormais au sein de l’exécutif métropolitain comme le montre la gestion du projet immobilier au Moulin-Blanc ou le projet de fourrière à Guilers…
Pour nous l’ostracisme est quasi permanent :
- Sur la mosquée Sunna : avec le refus de transmission de certains document comme le bail emphytéotique signé en 2008 avec BMH alors que Marc Berthelot est administrateur ;
- Sur la speudo visite de chantier du Centre socio-culturel Horizons à Pontanézen, mais vraie opération de comm, où vos adjoints ont éconduits Brigitte HÛ.
Auriez-vous craint qu’elle aborde les conditions de fermeture de ce Centre, les incendies des services publics sur le quartier, les menaces insupportables à l’encontre des personnels, la gêne occasionnée pour de nombreuses familles.
J’en viens maintenant à ce qui est inscrit à l’ordre du jour mais en fin de conseil le Nouveau programme national de Renouvellement Urbain (NPNRU).
J’ai exercé vous le savez durant dix ans jusqu’en 2013, les fonctions de présidente de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) chargée d’évaluer l’évolution de la politique de la ville dans les quartiers. A ce titre je porte une attention particulière pour les politiques de la ville, pour la rénovation urbaine. Des politiques qui découlent du plan Borloo de cohésion sociale.
En dépit de certaines avancées permises grâce à la rénovation urbaine, la politique de la ville ne semble pas avoir amélioré la vie des habitants des quartiers prioritaires. D’importantes défaillances persistent que ce soit en termes de pauvreté, d’accès aux soins ou de chômage.
Au-delà de la réhabilitation plutôt réussie de nombreux logements sociaux et du désenclavement enclenché de quelques territoires populaires, la situation économique et sociale des populations y vivant aurait, en effet, continué à se dégrader, indique l’Insee dans son « Portrait social » de 2015.
Notre approche sur le NPNRU serait plutôt favorable, et nous y apporterions aisément notre soutien si votre politique n’était pas aussi brouillonne.
Les programmes de rénovation urbaine pour les quartiers de Pontanézen, Recouvrance, Kérourien, sont allés ou vont certes dans le bon sens et nous nous réjouissons que parmi les 200 quartiers d’intérêt national récemment désignés, émarge au nouveau programme national de renouvellement urbain 2014-2024, le quartier de Bellevue.
Mais regardons tout le territoire et l’équilibre global, pour voir si l’ensemble est cohérent. Et c’est alors que nous constatons qu’il existe sur Brest un profond décalage entre la réalité socio-économique de notre territoire et votre politique en matière d’habitat.
- vous poursuivez une politique d’habitat déconnectée du réel en ouvrant encore 25 ha à l’urbanisation sur huit nouvelles zones d’habitats e vous basant au passage d sur des diagnostics obsolètes comme le PADD.
- Vous occultez l’appauvrissement du cœur de la cité alors qu’il faudrait le renforcer par des mesures fortes de réhabilitation urbaines de l’habitat et des petites copropriétés pour faire venir des familles. Vous créez ainsi les conditions d’un déséquilibre profond et durable ;
- Vous ignorez les milliers de logements vacants, le marché de l’immobilier qui stagne à un niveau très bas, qui nous classe bon dernier de la classe des grandes métropoles.
- Vous poursuivez votre vision aberrante de programmation de 1300 logements neufs par an alors que depuis tant d’années vous peinez à en réaliser la moitié.
- Vous faites l’impasse sur l’intégration des populations issues de l’immigration ainsi que j’en avais fait été le 2 avril dernier lors de notre discussion sur le contrat de ville 2015/2020.
Votre politique c’est celle d’une rénovation urbaine « rénovation aux petits pieds ».
Nous serons donc contraints de nous abstenir lorsque la délibération viendra en discussion.
Enfin pour conclure, quelle politique brouillonne, quelles incohérences que les vôtres, lorsque l’on voit d’un côté des programmes de rénovation de certains quartiers d’une part, un étalement urbain de l’agglomération qui se poursuit d’autre part avec ses conséquences comme je l’ai indiqué la semaine dernière en parlant du PLU facteur 4 de Brest métropole.
Avec des besoins créés artificiellement pour la population en terme de déplacements, d’équipements de proximité, d’espaces de loisirs, d’établissements scolaires (en vidant ceux déjà existants) etc …
Sur ce point Véronique BOURBIGOT pour notre groupe, souhaite évoquer le projet de fermeture du Collège de Kérichen. Je ne doute pas que vous lui donnerez la parole dès à présent.
Je vous remercie